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Le Synode fera-t-il vraiment place aux femmes?

Le Synode fera-t-il vraiment place aux femmes?

Source photo : TravelCoffeeBook — Pixabay

En mars 2020, le pape François annonçait le thème du prochain synode de 2023 : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission »; il invitait tous les diocèses à faire œuvre de consultation durant les deux années à venir. Aujourd’hui, tous les pays catholiques ont complété ce processus et publié leur synthèse. Comme chrétiennes et baptisées, nous pouvons nous demander en quoi la synodalité concerne les femmes.

Les deux précédents synodes avaient d’ailleurs insisté sur la question des femmes en Église. On le devine, une Église synodale qui se veut inclusive est autant féminine que masculine. Or, cela n’est pas évident à première vue quand on analyse les pratiques cléricales qui ne transcendent pas toujours les limites de la hiérarchie, de la culture ou de l’égalité entre les sexes. De nombreux discours ecclésiaux visent à combattre les discriminations, les violences et les féminicides tant dans la société que dans l’Église. Pourtant, qu’en est-il de la présence et du pouvoir des femmes dans les instances ecclésiales à tous les niveaux? Comment articule-t-on dans la pratique l’égalité baptismale et l’égalité des sexes?

Pour « marcher ensemble » 

« La synodalité est un style, c’est marcher ensemble, et c’est ce que le Seigneur attend de l’Église au troisième millénaire », proclamait le pape François à la Commission théologique en 2019. Mais on est encore loin de favoriser cette « marche ensemble » quand on considère la difficulté de l’institution à sortir d’un schéma de domination et d’une mentalité patriarcale. François félicite les femmes pour leur travail de soin auprès des personnes démunies, mais l’Église continue à gouverner sans elles en augmentant le pouvoir clérical et en ne tenant pas compte de tout ce qu’elles pourraient apporter du point de vue sacramentel et ministériel.

Une gouvernance partagée femmes et hommes

François suggère une « manière différente de gouverner notre monde globalisé ». En mai 2022, il a annoncé la création d’une commission qui accorderait une plus grande représentation des femmes dans les postes de responsabilité comme le diaconat, l’acolytat, le lectorat. Ira-t-il jusqu’à l’ouverture des femmes au diaconat permanent? Pas évident, même si la synthèse des diocèses québécois le demande : « On désire plus de visibilité dans le leadership féminin […] ; On voit qu’à l’intérieur, l’Église est un boys club où la femme vient en deuxième rang ».

Le Synode nous permettra-t-il de passer d’une Église cléricale à une Église synodale, collaborative pour répondre aux signes des temps? La synthèse québécoise affirme, en pages 8 et 9, « l’importance d’une gouvernance ecclésiale formulée en matière de co-responsabilité clercs-laïcs et hommes-femmes […] ; l’Église est encore pyramidale [… et] devrait être conduite par des hommes et des femmes ». Il importe donc de remettre sérieusement en question l’accès aux ministères ordonnés aux femmes et aux hommes mariés pour favoriser l’égalité, comme cela est prescrit dans les lois civiles.

Oser espérer pour l’avenir

Les chrétiennes et les chrétiens réclament une Église davantage ouverte aux femmes et à leur reconnaissance inconditionnelle à toutes les fonctions ecclésiales, afin que le « nous » ecclésial soit de plus en plus réel.

Pierrette Daviau, FDLS
« Le synode fera-t-il place aux femmes », article paru dans Prions en Église, vol 87, no 7, le 12 février 2023.