Nous connaissons l’importance de l’enfance comme fondement de la vie de toute personne. Des parents attentionnés, une famille unie et heureuse prépare pour les succès, les joies, les difficultés et les défis à relever dans la vie. Il en fut ainsi pour Huguette, née à Masson-Angers au Québec, fille de Stanislas, plombier, et de Léda Therrien, ménagère. Elle est la benjamine de six enfants, dont une sœur Claire et quatre frères, Rolland, René, Armand et Roger. Dans ce milieu familial, elle puise la joie de vivre, la piété et le courage, outils précieux pour une vie bien réussie.
Avant que tu sois sortie du sein, je t’ai consacrée (cf. Jérémie ch.1, ss)
Huguette va à l’école primaire du village. Quand vient le temps des études secondaires, elle songe sérieusement à son avenir, à son choix de carrière et de vocation. Sa mère l’amène s’inscrire au pensionnat Notre-Dame-de-Lourdes à Vanier en vue d’un enseignement catholique et bilingue chez les Filles de la Sagesse. L’absence de noir dans le costume des religieuses lui plaît tandis que le blanc et gris l’attire. Petit à petit, elle se sent appelée à suivre Jésus dans cette congrégation. Elle obtient son diplôme en études commerciales bilingues en juin 1952, et attend deux ans avant son entrée au postulat en août 1954. Elle fait profession à Ottawa le 2 août 1956.
Va vers ceux à qui je t’enverrai
Sans tarder, mais pour quelques mois à peine, Huguette travaille à l’économat du pensionnat Notre-Dame-de-Lourdes à Sturgeon Falls. Elle part ensuite pour Léoville en Saskatchewan, petit village isolé et entouré de gens des Premières Nations et de cultivateurs de grains, d’orge et de blé. Le bureau des admissions et le soin des malades de l’hôpital lui sont confiés. Elle s’inscrit à un cours d’aide-infirmière afin de mieux servir.
En mai 1961, après une courte visite au généralat à Rome, elle se rend à St-Laurent-sur-Sèvre où elle prononcera ses vœux perpétuels. Ses qualités sont rapidement perçues : sa compétence au travail de bureau, sa discrétion, son exquise politesse, sa serviabilité, son caractère aimable et enjoué, sa disponibilité et son aisance à s’adapter.
N’aie aucune frayeur devant eux
Compte tenu des besoins de la congrégation, Sr Huguette reçoit son obédience pour l’hôpital d’Élisabetha au Congo où le bureau des admissions et des consultations lui est assigné. Malheureusement, un groupe de rebelles s’étaient alors levés contre les institutions religieuses et l’ordre à la radio avait été donné de mettre tous les Blancs sous surveillance. C’étaient les heures sombres de la rébellion de 1963 où le pays passait par de sérieuses instabilités, époque de persécution et de grandes souffrances pour la famille montfortaine. Les missionnaires étrangers prêtres et religieuses, dont Huguette, durent entreprendre une longue marche forcée et vivre des heures angoissantes en prison avant leur libération. Deux consœurs FDLS ont subi le martyre ainsi que plusieurs pères montfortains.
Car je suis avec toi pour te protéger
De retour à Ottawa, après une période de repos, Sr Huguette travaille aux bureaux de renseignements de l’hôpital Montfort puis devient la secrétaire de Sr Théodore du Christ-Roi (Legault). Plus tard, elle s’engage à l’économat du pensionnat et à la bibliothèque de l’Université Saint-Paul. Quand sa mère âgée nécessite des soins, Huguette obtient la permission d’aller la soutenir jusqu’à sa mort, vingt-trois ans plus tard.
Je me rappelle l’affection de ta jeunesse
Finalement, une mauvaise chute l’oblige à venir à l’Accueil. Elle y fait des courses pour les Sœurs tant que la santé le lui permet. Jamais elle ne parle des épisodes pénibles de son expérience missionnaire. Elle est simplement heureuse de rendre des petits services sans faire de bruit, toujours avec une grande amabilité.
Elle nous quitte en gardant ses secrets au fond de son cœur, seuls connus de son Époux qui l’accueille en disant, « Viens je me rappelle l’amour de tes fiançailles (Jr 2,1) ». Viens avec moi ma bien-aimée.