La petite « Margharita » naît à Montréal, cadette de 5 filles, alors que sa mère, Thérèse Covatta, meurt en lui donnant la vie. Rien n’est connu de la suite des choses, mais la vie continue et il s’est sans doute trouvé, parmi parents et amis, une âme généreuse qui a pris en charge la toute dernière pour le soulagement du papa, Giovanni Piperno.
Quant à Marguerite, elle fréquente l’école primaire des Sœurs de Ste-Anne et la Congrégation de Notre-Dame au secondaire. Elle n’a guère parlé de son enfance, et n’a laissé aucun indice écrit. Ses études comme infirmière la dirige à l’hôpital Sainte-Justine où elle rencontre les Filles de la Sagesse et elle entre au postulat à Ottawa. Dès sa profession en 1946, elle compète ses études d’infirmière et travaille à l’hôpital Sainte-Justine jusqu’en 1950.
Les autorités ont-elles perçu en elle une organisatrice-née ? Dès que Sr Marguerite reçoit son diplôme en 1950, elle est envoyée à Val d’Or, année même de la fondation de cet hôpital. On saisit vite que cette jeune professe a été choisie pour mettre sur pied toute la régie interne de l’hôpital pour que celui-ci soit opérationnel, c’est-à-dire, bien organisé avec des départements variés et fonctionnels. Ses nombreux talents d’organisation en faisait une personne toute désignée. Elle se livre pleinement à la tâche avec énergie jusqu’en 1953.
« J’entends mon bien-aimé. » (Ct. 2,8…)
C’est alors qu’on fait appel à ses services en vue de l’ouverture de l’hôpital Montfort. Elle y travaillera jusqu’en 1960. Son expérience et sa réputation la suivent déjà car ses talents et ses connaissances sont précieux. On la réclame aussi à Atikameg (Alberta), à 5 heures au nord d’Edmonton, pour remplacer une infirmière de façon ponctuelle. Avec son don quasi inné en soins de santé, sa débrouillardise et son initiative, elle s’adapte aux vastes distances, au rare peuplement, aux installations rudimentaires et aux ressources précaires. Peut-on imaginer les accommodements nécessaires après avoir connu l’hôpital Sainte-Justine ? Les autorités l’appellent ensuite à Castor, au sud d’Edmonton, à l’hôpital Our Lady of the Rosary. Elle y œuvre pendant deux ans, toute attentionnée à ses malades. Son aplomb et son expertise inspirent confiance et son esprit de service édifie.
… Viens donc, ma bien-aimée, viens…
Après ses vœux perpétuels, Sr Marguerite part vers un autre terrain inconnu, Sturgeon Falls (Ontario), où elle s’engage à l’hôpital St-Jean-de-Brébeuf et à l’école des infirmières auxiliaires jusqu’en 1966. Puis, l’hôpital Montfort à Ottawa l’appelle de nouveau et elle se lance dans un travail intense. Elle reçoit son diplôme en obstétrique et en fait bénéficié l’hôpital. Partout, elle laisse sa marque, comme une femme d’une rigueur professionnelle exceptionnelle. Elle aime ses patients, les traite avec amour et délicatesse, et est très attentive à leurs besoins.
…Mon bien-aimé est à moi…
Sr Marguerite accepte aussi d’organiser les soins au Foyer Champlain, (Vanier) à Ottawa. Elle met sur pied les services, embauche du personnel, organise les soins et planifie tout. En 1978, les Sœurs Adoratrices du Précieux Sang, demandent ses services pour leur infirmerie. Cette expérience marque la vie intérieure de notre Sœur. Comme elle dit, « Moi, je suis appelée à féconder le désert de l’action, et elles, celui de la contemplation. Deux déserts, même but : l’union à Dieu. ». En 1991, semblable scénario est vécu avec les Oblats de Marie Immaculée en manque d’infirmière. Rien n’empêche cette femme d’action d’intérioriser son vécu et d’en tirer des leçons pour sa vie intérieure.
… Voilà, il se tient derrière notre mur…
Depuis 1995, Sœur Marguerite vit à l’Accueil sur le chemin Montréal à Ottawa tout en continuant comme bénévole à l’hôpital Montfort. Pas étonnant qu’elle y organise, de façon informelle, les soins palliatifs. En 2008, l’Association des hôpitaux de l’Ontario lui remet un certificat de Membre à Vie. À 84 ans, toujours militante, on peut la voir prendre l’autobus pour l’hôpital Montfort où son bénévolat actif continue. Elle met sur pied un groupe de bénévoles et leur dresse un programme de formation. Le travail ne lui a jamais fait peur. Faut-il se surprendre qu’en 2011, elle est honorée comme la doyenne des bénévoles aux soins palliatifs ? (Le Droit, 2011). Aussi, donne-t-on son nom à une salle de service dans ce département.
…j’ai trouvé celui que mon cœur aime…
Le temps du repos sonne. Après une crise cardiaque, le Seigneur lui accorde un long temps de répit. Elle se tient assise, tranquille, à le regarder, à l’écouter et à l’attendre avec les yeux du cœur. Il vient la chercher sans tarder.
Lise LeRiche, fdls