Monique a toujours eu du monde autour d’elle, étant jumelle avec Brigitte, mais aussi, ayant vécu dans une famille reconstituée. Sa mère acadienne, Euphémie Cyr, veuve avec trois enfants épouse son père, Léonide Michaud. La 2e famille donnera 6 enfants, dont les jumelles nées à Notre-Dame-de-Lourdes, comté de Madawaska, Nouveau-Brunswick. Mais voici que leur mère décède alors qu’elles n’ont que trois ans et demi. Une sœur aînée puis, ensuite une tante prend en charge de la famille. Plus tard, son père se remarie et a sept autres enfants, pour une famille reconstituée de seize enfants. Tous se considéraient frères et sœurs sans distinction. De quoi élargir l’esprit des enfants, apprendre à cultiver débrouillardise et intégration !
Souvenez-vous, Vierge Marie, que c’est une chose inouïe…
Adolescente, Monique poursuit son instruction à l’école des Filles de la Sagesse à Edmundston. L’idée de devenir religieuse germe dans son cœur, mais le désir d’être infirmière prend momentanément le dessus. Par contre, elle avoue avoir beaucoup, prier Marie pour connaître, sa vocation. Un jour, en apprenant de Sr Fortunat que sa jumelle, Brigitte, entrait au postulat, sa réaction surgit du fond de son cœur, « Moi aussi ! » et elle part pour Ottawa. Elle est comblée lorsque le cours d’infirmière à l’hôpital Sainte-Justine lui est offert dès sa profession le 2 février 1951. Elle se dévoue dans cet hôpital auprès des malades jusqu’en 1967. Le désir d’aller dans un pays de mission la poursuit, mais ses Supérieures ont d’autres vues sur elle. Enfin, une provinciale, Sr Marcelle Hamelin, lui propose de partir pour la Papouasie dans un mois! Le rêve de Monique? Infirmière de brousse!
… qu’en vain sur vous l’on ait compté
Mais la Sagesse fait parfois attendre les rêves même s’ils sont pour son service. Aussi, arrivée dès 1967 à Daru, en PNG, Sr Monique est assignée à l’hôpital du gouvernement. C’est providentiel, puisqu’elle y fait un apprentissage pour devenir sage-femme
et s’initie aux éléments de médecine tropicale avec des médecins européens et papous. Elle était heureuse d’apprendre des Papous. Deux ans après, la voilà enfin envoyée en montagne dans le village isolé de Bolivip pour ouvrir un centre de soins. A-t-on flairé une femme d’organisation pour cette tâche de bâtisseuse ?
Jamais aucune confiance, n’a demandé votre faveur
N’étant pas encore sage-femme, la voilà à l’œuvre, vivant dans une cabane de brousse où les femmes viennent accoucher. Plus tard, elle fait deux ans à l’hôpital de Kiunga où, à cause du manque de médecins, elle doit prendre des décisions qui leur reviennent habituellement. Enfin, la voilà à Matkomnai à pied dans la brousse à soigner et vacciner femmes et enfants. Kungim suivra et durant huit ans elle fait des patrouilles de marche de huit heures à travers troncs d’arbres, racines, collines infestées de moustiques et de serpents. Quelle joie d’être ainsi en pleine activité réalisant ses rêves dans des situations qui exigent adaptabilité et ingéniosité. Aussi en son cœur, c’est en Marie qu’elle met toute sa confiance.
Sans recevoir votre assistance, sans éprouver votre douceur
Libre de tout, ses nombreux talents se déploient à pleine capacité. Elle est décidée, sait prendre les choses en main et organiser. Éventuellement, Sr Monique est nommée Secrétaire de la Santé pour le Diocèse de Daru-Kiunga. Elle est alors le lien entre le gouvernement, le diocèse et les autres associations. Cela l’amène à visiter les postes de santé du diocèse et à étudier les besoins pour ouvrir d’autres centres de soins. Elle occupe définitivement un poste clé pour rayonner et se faire connaître. Reconnaissant une bâtisseuse invétérée, l’Évêque lui demande de commencer un Centre pour enfants ayant un handicap à cette époque où les parents les cachaient, les croyant punis par les mauvais esprits. Sr Monique doit faire le tri parmi cette clientèle et éventuellement, chacun y trouve son compte, certains intégrant l’école régulière, les sourds obtenant les soins appropriés… etc. Cette école qu’elle a fondée en ce pays a hérité d’une longue vie.
Malgré ma faute en vous, j’espère pour recevoir grâce et pardon
En quittant la Papouasie Nouvelle-Guinée en 2000, après 33 ans de vie missionnaire, c’est l’action de grâce qui envahit son cœur. « Je remercie l’Esprit saint de m’avoir inspirée et soutenue autant d’années dans ce pays béni, » écrit-elle. La communauté de la rue Kent à Montréal la reçoit pour ce retour définitif. Après un transfert de province, elle arrive à Ottawa, à la communauté Accueil où elle se dévoue comme assistante au bureau de santé et comme conseillère locale. Femme solide qui s’adapte bien, elle garde en son cœur une étincelle de son pays d’adoption où elle a passé les plus belles années de sa vie.
Soyez de grâce débonnaire, que je ne sois pas rebuté
Le temps passe, et vingt ans après, en 2020, elle intègre le Pavillon Notre-Dame. Cette femme active ne connaît pas le repos, aussi reste-t-elle présente à ce qui se passe autour d’elle. Petit à petit, l’au-delà la réclame. Se peut-il que le Seigneur ait hâte de l’avoir pour organiser son paradis? Cette femme solide et généreuse est prête à être cueillie par son Seigneur qu’elle a servi fidèlement toute sa vie. Jésus et Marie sont venus la chercher pour combler son attente le 4 mars 2022.
Sr Lise LeRiche