Les plus anciens résidents de la vallée de l’Outaouais connaissent bien le village d’Alfred dans la vallée d’Ottawa en Ontario. Valida Charlebois et Philippe Leclair, cultivateurs, y ont élevé leur famille de 10 enfants, dont Agathe, la 3e de la famille. Elle fut baptisée dès sa naissance dans cet environnement très chrétien où les dévotions à Marie, à Joseph et au Sacré-Cœur étaient bien implantées. C’est avec les autres enfants qu’elle fait à pied tous les jours les deux milles pour se rendre à l’école du village de l’Orignal.
« Marie partit en toute hâte »…modèle de service
Sa maman étant tombée malade, voilà qu’Agathe, une des aînées, devient la maîtresse de maison. Dans cette situation inattendue, elle développe de nouvelles ressources de débrouillardise, d’attention aux autres, et même de soin des malades. Ainsi élevée dans un climat d’oubli de soi, de ferveur religieuse, de fréquentation de l’église, et près des Filles de la Sagesse, le désir de se dévouer à Dieu germe dans son cœur. Elle entre au postulat à Ottawa et fait sa profession religieuse le 2 février 1945 sans autres attentes que de servir Dieu de tout son cœur.
Marie, la première disciple à visiter son prochain
Brûlante d’amour et du désir de servir, Sr Agathe part pour St. Charles Memorial Hospital à Port Jefferson, New York. Les Filles de la Sagesse y gèrent cet établissement pour enfants handicapés, dont plusieurs sont victimes de la poliomyélite. Son travail?
Cuisinière. Les gros chaudrons, elle apprend vite à les manier si bien qu’elle passe à la cuisine du Scolasticat des Missionnaires Montfortains (s.m.m.) dans la même ville et ensuite à Bayshore au Connecticut, puis à la cafétéria des élèves du Pensionnat Notre-Dame-de-Lourdes à Ottawa.
Seigneur, apprends-nous à laisser entrer le Dieu caché qui frappe à notre porte…
Après son Troisième An à la Maison Mère, Sr Agathe, reconnue comme une cuisinière chevronnée, part pour un court temps à la maison d’accueil des pèlerins tenue par nos sœurs à Lourdes, France, puis à Madrid, en Espagne, pour les services généraux. Finalement, elle devient cuisinière à la Maison Généralice à Rome jusqu’en 1965. Femme discrète et timide de nature, elle a pourtant vécu un périple missionnaire d’une durée de 20 ans. Quand Dieu appelle et trouve la disponibilité, il prend cette personne au sérieux!
Marie, apprends-nous à partir, habitées comme toi par le prochain dans le besoin…
Les quelques commentaires de Sr Agathe sont spontanés et judicieux. On lui demande « Comment vas-tu? ». « Comme Dieu le veut » est sa réplique. Sa route est tracée, et elle va droit au but : servir Dieu et les autres. Rien de plus, mais tout ça! N’a-t-elle pas saisi l’essentiel de l’Évangile? De retour au pays, elle est affectée aux services généraux à la petite communauté de Field tout en aidant à la surveillance des enfants à l’école. En 1970, elle suit des cours en anglais au Collège Algonquin en vue de devenir préposée aux soins. Cette langue étant pour elle quasi inconnue, elle eut pour seul commentaire après l’examen final. « C’était comme traverser une mer à pied! »
Marie, tu vas en toute hâte transportée par Celui que tu portes…
La voilà mieux équipée pour approcher les malades. Elle rend service, de 1972 à 1990, auprès des aînés au « Foyer du Bonheur » de Hull. Tantôt membre de la communauté, rue Charlotte, puis de celle de la rue Malartic à Ottawa, elle continue cet engagement, de sorte que ses liens créés avec ces aînés deviennent forts. Son temps est donné en toute gratuité! C’est quinze années de services auprès des bénéficiaires de cet établissement. Quelle persévérance et quelle ténacité!
Marie de la Visitation, apprends-nous à partir en grande hâte pour servir…
En 1992, Sr Agathe est bénévole auprès des aînés soit pour des visites à domicile, soit pour l’aide aux épiceries. Elle a même fait des heures de bénévolat comme secrétaire à la paroisse Montfort. Son dévouement ne cesse pas. En arrivant à Maison Accueil-Sagesse en 2002, elle trouve beaucoup d’occasions de rendre des services pratiques. Perspicace et vive, elle voit tout. Ses occupations à travailler le bois, à tricoter, à crocheter de nombreuses lavettes et à broder des toiles en petits points restent un legs précieux. Intéressée par l’informatique, elle tente même de s’initier à l’ordinateur.
En 2020 elle est reposante au Pavillon Notre-Dame où Marie, servante du Seigneur, vient la chercher après une belle et longue vie. Le Seigneur la reconnait comme la femme fidèle et serviable qui, par amour, a donné sa vie pour les autres et l’accueille auprès de lui avec une immense joie.
Sr Lise LeRiche, fdls
