Née et élevée tout près des Filles de la Sagesse et des Pères Montfortains, déjà établis au tournant du siècle à Eastview (Vanier), Cécile a les pieds bien ancrés dans la famille montfortaine. Son père, Donat, maire et commerçant d’Eastview et sa mère, Clara Diotte, élèvent une famille nombreuse de 16 enfants. Cécile, la 8e, y grandit, choyée et heureuse. Très tôt dans son enfance, ses habiletés reflètent celles de son père, un homme entreprenant qui se met au service de sa population. Un cœur prêt à rendre service, à apprendre et à aimer. Voilà les valeurs dont elle s’imprègne. Où trouvera-t-elle à les exercer?
« Tiens ma lampe allumée, la flamme est si fragile… (Chant de J.C. Gianadda)
Très jeune encore, Cécile devient une précieuse collaboratrice de son père dans ses fonctions de maire et de marchand. Bien sûr, elle fait son école primaire et secondaire chez les Filles de la Sagesse tout près sur le chemin Montréal où elle se qualifie pour le secrétariat. Pendant plusieurs années, elle aide son père aux commandes de matériaux de construction. Voilà, jusqu’au jour où la voix du Seigneur lui offre une vie de service par amour chez les Filles de la Sagesse. À 22 ans, elle se présente donc à la porte des postulantes avec le désir brûlant de « servir, aimer, aider, apprendre selon les besoins. ». Comment pourra-t-elle exprimer le rêve qui la transporte?
…Allume en mon cœur quelque chose de vrai, quelque chose de Toi, que rien ne puisse éteindre…
Cécile fait profession le 2 février 1946, avec le seul désir de servir. Elle a ses deux mains, son sens pratique, sa débrouillardise, son ardeur au travail et voilà…prends-moi Seigneur. Tout de suite, elle est envoyée à un endroit désert et isolé, à Lisbourg (Montfort), à l’orphelinat agricole des Pères Montfortains dans les Laurentides pour remplacer une Sœur à la buanderie. Un travail ardu, où il faut du cœur au ventre car elle doit se lever tôt pour un dur travail. Puis, en 1948, la voilà qui remplace une Sœur malade à la buanderie du pensionnat de Lefaivre dans l’est ontarien. Et en 1950, notre Sœur doit retrousser ses manches à la cuisine de Mont-Joli, avec 4 employés et 104 malades. Après le second noviciat à Ottawa, Sr Cécile est envoyée à l’hôpital Brébeuf de Sturgeon Falls pour suivre un cours d’assistante infirmière. Après avoir bien servi dans le vif de l’action, elle part pour l’hôpital de Val D’Or diplôme en main. Cécile s’y dévoue pendant 15 ans.
…que puisse mon pas chercher à te rejoindre…
Il faut dire que les hôpitaux ont bien bénéficié de ses services prompts et joyeux, mais que dire de sa façon d’agrémenter par sa présence tous les lieux qu’elle fréquente? Ainsi son aide précieuse est souvent sollicitée et à des endroits insolites, comme aux salles de fournaises ou aux salles de bain. Parfois, elle y découvre des détails non anodins et une solution est trouvée. On recourt à elle au chalet de St-Côme où il faut s’ingénier pour éloigner les visiteurs et inventer des stratégies pour déjouer les bêtes indésirables de la forêt. Une foule d’anecdotes plus héroïques ou curieuses les unes des autres auraient pu s’écrire au sujet de la fonction dite « dépannage » de Cécile. La lampe de fidélité de celle-ci éclaire doucement les petits détails qui paraissent sans conséquences mais une fois prises en charge et résolus font la joie des autres.
…allume dans mes yeux, quelque chose de pur, quelque chose de toi que rien ne puisse éteindre…
Son esprit vif, sa joie de vivre et sa débrouillardise en fait une compagne enjouée très aidante qui sait rendre mille services. Elle suivra son Seigneur là où Il l’envoie, selon les besoins et l’obéissance. Elle accepte de bon cœur des services temporaires à l’occasion, l’important c’est de servir d’une façon prompte et joyeuse. Ses désirs secrets à la profession, « aimer, servir… » se vivent toujours au quotidien. Après un court accroc de santé et un temps de repos, voilà que le nouveau foyer de St-Jovite réclame ses services.
…que dans mon regard, ta clarté vienne poindre…
Sr Cécile avait compris très jeune que son cœur devait travailler à la construction d’une œuvre plus grande qu’on puisse imaginer, une construction qui la dépasse complètement, l’œuvre de Dieu. Bientôt, une nouvelle porte s’ouvre devant elle avec notre ancien pensionnat à Ottawa devenue l’école secondaire Belcourt. Elle s’y dévoue comme secrétaire pendant 8 ans tout en joignant la communauté de 285, Wilbrod, et ensuite le 418, chemin Montréal. En 1982, elle devient secrétaire de la paroisse Notre-Dame de Lourdes des pères montfortains et Supérieure locale de la Résidence III jusqu’en 1987, temps où elle fait un 30 jours montfortain, pour revenir à son travail au presbytère N.D. de Lourdes.
…tiens ma lampe allumée jusqu’à ton domicile, …
À partir de 1995, Sr Cécile vit au Pavillon Accueil tout en s’engageant dans divers services comme les Archives. Elle vit, en 1997, une année de ressourcement au Centre intercommunautaire Quatre-Saisons à St-Élie-d’Orford pour ensuite retourner au Pavillon Sagesse, s’engageant aussi à la réception, puis quelques jours semaines à celle de la paroisse de Cyrville. Finalement, en 2009, elle intègre le Pavillon Notre-Dame où elle vit une vieillesse joyeuse. Toujours pleine de vie, elle se promène d’une chambre à l’autre, demandant presque compulsivement, « Avez-vous besoin de quelque chose? » « Puis-je vous aider? » Parfois, elle ouvre la porte d’une chambre vide avec la question-réflexe sur les lèvres, et la voyant vide, elle pouffe de rire! La vieillesse et la maladie prennent graduellement le dessus, de sorte que le Seigneur vient la chercher. Il la reçoit gracieusement, sans faire attendre. Et, on peut imaginer qu’il lui adresse doucement ces paroles, « Tu as tenu toujours allumée, ta flamme si fragile, jusqu’à mon domicile. Bienvenue, chère et fidèle servante. »
Lise Le Riche, fdls