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Nom en religion : Sr Cécile de la Purification

5 février 1928 – 3 février 2022

Gibson, Bernice

En regardant la vie de Sr Bernice, il semble qu’elle avait saisi que l’important dans la vie n’était pas tellement le faire, mais l’être. Avait-elle tiré cette conclusion en observant les vieillards de son village de Connor au Nouveau-Brunswick? Sûrement, elle avait observé sa mère, Emélina Saucier, reprisant, cuisinant, cousant pour sa nombreuse famille de 13 enfants, tous élevés fervents catholiques.

Les Gibson vivaient à l’endroit même où le Nouveau-Brunswick, le Québec et le Maine se rejoignent, presque à la frontière des États-Unis. Le père de Bernice, Frank, anglophone et protestant, manifestait un esprit de recherche au niveau de la religion, de la langue et du sens des choses de la vie. Il s’était converti au catholicisme comme jeune adulte et avait trouvé un emploi sur le chemin de fer.

Garde mon âme dans la paix, près de toi, Seigneur (d’après Ps 130)

La mère de Bernice a joué un rôle prépondérant comme témoin de bonté et de générosité en ouvrant le cœur de Bernice vers autrui. Dans sa jeunesse, Bernice a fréquenté les Filles de la Sagesse à l’école de Saint-François et ensuite suivi des cours privés de 9e année. L’influence des religieuses sur elle fut telle qu’il attisa son plus brûlant désir de devenir Fille de la Sagesse. Même si elle était douée pour les études, Bernice décide d’entrer chez les Filles de la Sagesse à Ottawa le 2 août 1944 et fait profession en 1946.

Mon chemin n’est pas dans les grandeurs, je ne cherche pas des prodiges,

Après la profession, Sr Bernice a servi dans les services généraux au Québec. Les besoins étaient tels qu’elle fut assignée à ces tâches et elle n’a certes jamais manqué de boulot. Elle fut d’abord envoyée comme cuisinière à la communauté des Filles de la Sagesse au service des pères Montfortains, aux Juniorats de Papineauville, puis d’Ottawa et ensuite de Dorval. Lourde tâche avec de jeunes hommes pleins d’énergie et d’appétit. En soirée, durant la récréation, Bernice avec les autres Sœurs, s’occupait d’activités manuelles telles que repriser les bas et réparer les soutanes des pères et des scolastiques. Comme Bernice était taquine et rieuse, elle en faisait un temps de détente et une partie de plaisir en communauté. Elle lisait aussi beaucoup en anglais et en français, se gardant intellectuellement aiguisée.

Seigneur, mon cœur n’est pas hautain, mes yeux ne se lèvent pas,

Dotée d’une stature courte, d’un pas assuré et d’une grande simplicité, elle exprimait doucement ce qu’elle voulait et elle réussissait bien. À Montréal, Papineauville, Ottawa, Dorval, Clair au N.-B. ses multiples services se sont avérés pratiques et très utiles. Ils incluaient parfois aussi la sacristie et la lingerie, comme celles des Pères Monfortains aux Résidences Bossuet et DeRouen à Montréal et Drummondville.

Elle faisait de l’artisanat et participait à l’exposition missionnaire avec Sr Germaine Caron. En 1984, au Centre Marial, chez les Montfortains, elle avait une lourde tâche : ménage, buanderie, lingerie et reprisage à temps plein. Les chambres y étaient nombreuses et occupées surtout en temps de retraites prêchées. Combien de fois surprenait-elle ses hôtes avec des petits plats-surprises et des desserts savoureux? Femme paisible, avec son sourire et sa bonne humeur, tout devenait agréable autour d’elle. C’était un bon travail bien fait, exigeant, effacé, mais valorisant à la cuisine, à la couture, à la sacristie pendant vingt-cinq ans chez les Pères Monfortains.

J’ai tenu mon âme dans la paix, et je l’ai gardé en silence,

Finalement, en 1996 sa valise se dépose à Salaberry, Résidence des Sœurs de la Providence où les Filles de la Sagesse avaient une communauté. Bernice prodiguait ses services librement partout, à l’infirmerie des Sœurs et aux autres centres de soin pour aînées. En 2015, discrètement elle intègre le Pavillon Notre-Dame de la Maison Accueil Sagesse, toujours effacée, sans déranger. Ce que sa mère avait fait toute sa vie, cuisiner, nettoyer, coudre, repriser pour sa nombreuse famille, tout en étant heureuse, elle l’avait fait. Quelque temps avant de partir, un murmure : « je suis tellement fatiguée ». Elle avait réalisé sa mission : « vivre heureuse pour le Bon Dieu. »

Lise LeRiche, fdls