Clémence Gardner, Fille de la Sagesse est, née à Sainte-Perpétue de Nicolet, le 1er décembre 1932, la huitième de onze enfants, dont un garçon décédé à 64 ans. Du témoignage de Clémence, leurs parents étaient aimants et responsables. Sans doute, elle tient d’eux, sa philosophie de vie. Son papa était forgeron. La maman, on peut l’imaginer, était vaillante, débrouillarde et travaillante. La famille demeurait aux environs de l’école et de l’église.
« Nos sorties sociales, affirme Clémence, étaient l’église avec toutes les cérémonies du temps que nous suivions religieusement. J’aime croire que cela découlait de notre éducation, car nous étions très unies. Nous nous sentions aimés et heureux. » Par ailleurs, Clémence confie rapidement : « Quant à moi, mon enfance fut maladive, mais heureuse. » Elle ne tarde cependant pas, à ajouter : « Cela ne m’empêchait pas d’être très vivante. » Ayant fait toutes ses études chez les Sœurs de l’Assomption, au départ, Clémence a cru que c’était là que le Seigneur l’appelait. Elle rêvait de vie religieuse depuis son enfance. Elle rêvait aussi d’enseigner et c’était le charisme propre de cette congrégation. Mais, finalement, elle a choisi d’aller chez les Filles de la Sagesse. Nous pouvons nous rassurer, elle ne s’est pas contentée de « suivre » Marie-Paule, sa sœur qui était déjà chez les Filles de la Sagesse. Clémence a bien pris conscience qu’elle quittait Dieu pour Dieu. « Après tout, s’est-elle dit, c’est l’amour de Dieu et du prochain qui m’attirait en religion. »
Après sa profession, le 2 février 1956, Clémence a eu la grande joie d’être dirigée vers l’enseignement. Rapidement cependant, la surdité dont elle souffrait déjà et les otites à répétition lui rappelèrent ce qu’elle devrait sacrifier. Chaque fois que la voie vers l’enseignement s’ouvrira de nouveau pour elle, ce sera toujours pour qu’elle regrette ses limites auditives, mais aussi, pour éprouver son heureuse détermination à aller en avant. Ta vie, Clémence, nous pouvons la voir comme une chorégraphie de portes qui, d’un côté se ferment, et de l’autre côté s’ouvrent.
« Avec Dieu, qui perd gagne. »
D’ailleurs, tu le dis toi-même : « Il y a avait toujours une sortie me permettant de m’élancer de l’autre côté avec amour, enthousiasme, compassion et compréhension. » Ce temps de ta vie, tu as su le voir, chère Clémence, sans amertume, même si la maladie venait constamment fermer les portes. J’ai lu dernièrement un livre qui peut, seulement par le titre, éclairer le mystère de nos vies : « Avec Dieu, qui perd gagne. » J’ai pensé que c’était un complément de ta chorégraphie décrite plus haut. Tu ne trouves pas? Tu perds des capacités, mais tu en trouves d’autres qui étaient inconnues de toi. En réalité, tu gagnes…
Tu nous dis dans un de tes écrits que tu as découvert chez toi des capacités de création et une grande détermination; que tu as aimé les expériences que la vie t’a invitée à risquer. Magnifique! Tu as dû vivre et réaliser qu’avec Dieu, qui perd gagne. Au total, ta vie est riche en dons de toi-même, de détachements, de recommencements, de générosité.
Une vie riche en dons de soi
Aussi, pour la vingtaine d’années que tu as données, avec grande joie, dans l’enseignement, expérience que tu aurais volontiers poursuivie, sois bénie Clémence.
Pour les 20 autres, données en deux temps au Mouvement de jeunes Mond’Ami, sois bénie Clémence.
Pour le temps donné généreusement comme réceptionniste et comptable à Sainte-Justine, sois bénie Clémence.
Pour le support et l’aide apportés à nos sœurs engagées dans le Centre-Sud de Montréal. Cela t’a demandé un surplus d’ouverture et de patience parce que la clientèle était blessée et souffrante, sois bénie Clémence.
Pour les sept années au Service des menus pour les malades, ici, à la Providence, sois bénie Clémence.
Oui, quelle vie riche en dons de soi! Avec Dieu, qui perd gagne, à n’en point douter! Tu nous as fait part aussi d’un grand désir combien touchant : « Mon vœu le plus cher, dis-tu, est que nous continuions à susciter, entre nous, une vie fraternelle chaleureuse! »
Ne nous oublie pas, Clémence.
« AVEC DIEU, QUI PERD GAGNE!
ALORS QUE NOTRE AUDITION DIMINUE,
FAIS SEIGNEUR QUE NOTRE CŒUR ÉCOUTE. »
(inspiré de Réjean Bernier)
Texte proposé par S. Lucille Deschênes, fdls