Rechercher
Close this search box.

En religion : Sr Rachel-Marie de la Sagesse

18 février 1931 – 7 janvier 2023

Fleurent, Jeannine

Native de Nicolet, Jeannine, fille d’Eusèbe Fleurent et d’Alfreda Durant, fut bien vite baptisée à la petite église de Pierreville. Le père était un habile menuisier et Alfreda, adroite couturière. Celle-ci meurt alors que Jeannine n’a que six ans et son frère deux ans. Un deuxième mariage lui donne 3 petites sœurs. Par malheur, Jeannine était née avec une fente labiale (bec de lièvre). Une opération fut tentée, mais le défaut ne fut pas entièrement réparé. Malgré cette condition, elle a su développer son estime d’elle-même et prendre une place valorisante par la vivacité de son esprit et de ses réparties. Elle fit ses études primaires chez les Sœurs de l’Assomption à Nicolet.

Dès l’âge de 11 ans, Jeannine part vivre chez sa tante à Montréal jusqu’à l’âge de 18 ans. Autour d’elle, on parle beaucoup de religieuses dans la parenté, trois nièces de la grand-mère, toutes missionnaires. Dans ces circonstances, dès sa jeunesse elle nourrit le désir de devenir religieuse. Elle entre donc dans la petite communauté du père Henri-Marie Guindon, s.m.m, et fait profession, mais celle-ci est bientôt dissoute. Elle entre alors au postulat des Filles de la Sagesse. À sa profession, le 2 février 1953, elle prend le nom de Sr Rachel-Marie de la Sagesse.

Comme toi… nouer le tablier et servir par amour (R. Lebel)

Sitôt après, Sr Jeannine est vouée aux services essentiels. Cela débute d’abord aux grosses buanderies des pensionnats d’Ottawa et de Sturgeon Falls, puis au scolasticat des Missionnaires Montfortains, pour la couture. L’expérience du nord de l’Ontario s’ouvre à elle dans un milieu rural à Alban, où elle s’occupe de la sacristie tout en assurant le service de cuisinière de la communauté. Un autre défi l’attend quand elle intègre la grande cafétéria des élèves du pensionnat de Sturgeon Falls jusqu’en 1962. Ensuite, ses talents sont requis à Ottawa pour la cafétéria des sœurs à l’hôpital Montfort, les travaux généraux à l’Accueil, ensuite la buanderie et la couture au scolasticat des Missionnaires Montfortains.

En 1972, Sr Jeannine est responsable de l’entretien ménager à Clair au Nouveau-Brunswick, puis à Trois-Rivières, à Lantier (Sainte-Agathe-des-Monts), Saint-Faustin et Saint-Donat. On la voit s’occuper de presbytères et s’impliquer même dans quelques activités paroissiales. La Règle primitive ne cite-t-elle pas au numéro 2, « Comme chacune a son talent différent, les Supérieures appliqueront les Sœurs selon leurs talents aux emplois où Dieu les appelle… »? De plus, la devise de Montfort ne donnait-elle pas les mots pour exprimer le désir profond de Jeannine de servir « Dieu Seul »?

« Écoutez, venez à moi; je veux vous rendre heureux… » (ASE 66)

Jeannine offrira tous ses talents et capacités pour les autres au Québec ou en Ontario, là où l’Amour l’appellera. Et la Sagesse la rendra heureuse! Son amour s’exprime par des services concrets et par l’ardeur avec laquelle elle s’acquitte de ses tâches. Tantôt couturière, cuisinière, artisane, sacristine, tout dans un optimisme constant et une jovialité désarmante. Rencontrer les autres et engager des conversations font partie de ses passe-temps favoris. Les changements pour Sr Jeannine sont vécus comme de merveilleuses aventures vers « un plus de Vie » à tous points de vue. Comme elle dit, « … un changement, c’est une page ouverte sur de nouveaux projets qui me donnent le goût d’aller plus loin… »

Comme un cerf altéré cherche l’eau vive… (Ps 41, 2)

Finalement, l’occasion lui est offerte d’étudier. Elle n’en avait jamais eu l’opportunité, mais son esprit vif en avait soif. C’est en gérontologie qu’elle suit un cours au Collège Marie-Victorin à Montréal dans le but d’aider les sœurs aînées, ce qu’elle fit, surtout au Carrefour Providence, rue Salaberry, à Montréal. Avec Sr Jeannine, jamais un moment monotone : lecture, artisanat, tricot, bricolage, menuiserie, peinture l’occupent. Elle se décrit comme étant « très sociable et ayant le verbe un peu haut ». En son absence, les sœurs s’ennuient de l’entendre rire et parler dans les corridors! Sa mémoire prodigieuse de détails historiques en a fait une raconteuse animée.

Venez à moi… et moi je vous donnerai le repos (Mt 11,28)

Jeannine arrive à Ottawa et intègre la Communauté Accueil en 2019. Elle s’étonne du fait qu’elle est encore émerveillée d’avoir été appelée à la suite de Montfort et de Marie-Louise et de vouloir toujours approfondir leur spiritualité. La prière est prioritaire dans sa vie, et elle met le Seigneur premier. En 2022, la voilà au Pavillon Notre-Dame où elle continue de circuler, d’entretenir des conversations vivantes avec ses consœurs et de lire. À la suite de la COVID-19, elle est admise à l’hôpital et le Seigneur est vitement venu la cueillir dans sa tendresse immense. Les joies du ciel se sont ouvertes à elle en toute gratuité.

Sr Lise LeRiche, fdls