Dans certaines civilisations d’Asie, « Longue vie! » est une forme populaire de salutation. Avoir une longue vie est louangé comme une bénédiction de Dieu. Thérèse est née à Saint-Louis-de-Blandford, Québec, la 6e de sept enfants. Dû à la mortalité infantile, seulement quatre filles ont survécu. Un accident de la route emporte sa mère, Aimée d’Auray, alors que la petite n’a que deux ans. Son père, Joseph, comptable, se remarie. Une tante la prend chez elle jusqu’à l’âge de cinq ans, mais elle est emportée par la mort alors que Thérèse a 11 ans. Elle devenait orpheline de mère une deuxième fois. Son père, lui, se remarie.
Comment ces tragédies peuvent-elles marquer la jeune vie de Thérèse? Dès l’école primaire à Montréal, son éducation scolaire est prise en charge par différentes congrégations religieuses, d’abord les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame à Châteauguay, puis les Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge à Daveluyville et à Nicolet, où elle obtint son B.A. ès arts en 1941. Elle n’avait pas d’attrait pour la vie religieuse ni pour l’enseignement et pensait se marier, avoir beaucoup d’enfants. Dans son for intérieur, elle priait silencieusement pour connaître sa vocation.
« …dix vierges s’en allèrent, munies de leurs lampes, à la rencontre de l’époux…
Étant sérieuse et pieuse, on lui disait qu’elle avait la vocation religieuse. Quel chemin Jésus prendra-t-il pour toucher cette timide et dévote jeune femme? Ayant perdu sa mère très jeune, elle était attirée par la Vierge Marie. Alors qu’elle était aux études à Nicolet, elle écoute les causeries du père Henri Marie Guindon, smm, et fait sa consécration à Jésus par Marie. Et voilà que Thérèse met la main sur le « Livre d’Or », le lit avec intérêt et cela suffit pour l’attirer à une vie entièrement livrée à Jésus par Marie. Très touchée, elle y reconnait un signe du Seigneur. Elle entre donc chez les Filles de la Sagesse et fait profession à Ottawa le 2 février 1942.
Sitôt après, Sr Aimée de L’Assomption est envoyée à Port-Margot en Haïti où on lui confie une classe de 100 petits élèves parmi lesquels poules et chiens circulent librement. Ensuite, c’est à Jérémie qu’elle conduit les élèves au brevet supérieur. Elle fait ses vœux perpétuels à Saint-Louis-du-Nord le 2 février 1948. Elle continue d’enseigner, cette fois, à l’école secondaire du Sacré-Cœur de Turgeau à Port-au-Prince. Elle y déploie ses nombreux talents de leadership et de créativité.
…les sensées prirent leurs lampes en même temps que l’huile dans des fioles…
De retour au pays pour un repos et la mort fortuite de son père, la Providence avait soufflé son mot…pas de retour en Haïti, mais une obédience pour l’hôpital Sainte-Justine. Entre 1951 et 1957, après études, Sr Thérèse devient infirmière à ce même hôpital puis archiviste médicale jusqu’en 1968. Elle fera un bref retour en Haïti pour le compte de l’Organisation mondiale de la santé. (OMS.) Elle participe aux congrès des archivistes à Halifax et Edmonton. À l’occasion, elle est consultante en archives médicales pour l’OMS. Après un recyclage comme infirmière, un service de deux ans en Haïti la mène au Cap-Haïtien. C’était son adieu à ce pays.
…comme l’époux se faisait attendre…
De retour à Montréal en 1972, elle doit chevaucher entre les archives médicales de divers hôpitaux, les archives religieuses de certains évêchés, dont celles de La Sarre et d’Amos, ainsi que celles de la Maison provinciale de la province FDLS du Québec jusqu’en 1995. Ces dernières l’ont finalement rejointe à Ottawa en 2004 lors de son arrivée au pavillon Accueil de Maison Accueil-Sagesse.
…voici l’époux, sortez à sa rencontre… (Mt 25, 1-7)
Confrontée au mystère de la souffrance dès sa jeunesse, Thérèse a posé toute sa vie son regard sur l’essentiel. En 2012, transférée au pavillon Notre-Dame, elle passe des heures à creuser les textes du Père de Montfort et à contempler les mystères de Jésus en Marie tout en vivant sereinement avec les Sœurs. « Je pense préparer ma lampe » dit-elle, et la remplir d’huile pour la venue du Bien-Aimé « dans la certitude que son Amour miséricordieux suppléera à mes limites. » Le 19 juillet, tout doucement, dans la nuit de la veille de l’Assomption, elle entend l’invitation, « Voici l’Époux, viens à sa rencontre. »
Sr Lise LeRiche, fdls