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En religion : Sr Imelda de Saint-François
9 mai 1919 – 12 juin 2020

Benoît, Imelda

Le mythe de Midas raconte qu’à sa demande, son dieu lui accorde un don : tout ce qu’il touchera deviendra de l’or ! Voilà Imelda ! Tout ce qu’elle entreprend se transforme en or ! Sa vie n’est qu’une suite d’exploits réussis et fertiles pour autrui.

Imelda est née à Sturgeon Falls de parents cultivateurs, France Benoît et Virginie Brunet, l’avant-dernière d’une famille de 21 enfants. Que s’est-il passé dans la petite tête d’Imelda à l’école St Joseph ? Les Filles de la Sagesse semblent avoir fait une excellente impression sur elle, car, à 14 ans, après sa 10e année, malgré l’opposition de son père, elle entre au Pensionnat N. D. de Lourdes de Sturgeon pour faire son juvénat. Elle y vit une expérience très heureuse. Dès le noviciat, elle exprime son désir de partir en mission. Le reste suit son cours et elle fait profession à 17 ans, en 1937. Quelques mois à Dorval, puis, suite à la visite de la Chère Mère Henriette, elle reçoit son obédience pour Haïti.

Mon âme bénis le Seigneur ! Que tout mon être bénisse son saint nom ! (Psaume 103)

Dès septembre, Sr Imelda arrive à Haïti à 18 ans, sans diplôme, mais pleine d’optimisme et prête à tout affronter. La communauté du Pensionnat du Sacré-Cœur, dans un quartier pauvre de Port-au-Prince la reçoit, et elle est aussitôt mise à enseigner une classe de petits, tout en poursuivant ses études. En 1942, elle fait ses vœux perpétuels à Ottawa. Sa famille s’y rend, pensant toujours, dit-elle, « …que j’en avais assez… ». De retour en Haïti, une tuberculose pulmonaire l’arrête pour deux ans. Après une opération, elle est envoyée dans les montagnes à Kenscoff où « je devais faire de la chaise longue au soleil. » Bien sûr, des petits enfants pauvres flâneurs se groupent autour d’elle et elle leur montre à lire et à écrire. Et le tour est joué. Vous devinez que la liste d’enfants pauvres s’allonge, un groupe se forme dans une grande salle du couvent et bientôt c’est dehors, sous un treillis de vigne qu’une classe s’organise. L’inspecteur et les parents collaborant, six classes s’ouvrent à même la montagne où l’école des pauvres est encore fonctionnelle de nos jours.  Bientôt, en 1954, on lui demande d’aller à Pétionville ouvrir une école. Et le même miracle se réalise avec un modeste début à la maison provinciale, puis, tout le haut est envahi par des classes, et lorsqu’elle quitte pour le 3e an en 1959, en France, c’est une école de 10 classes qu’elle a mis sur pied.

De retour au Canada, un changement de mission vers la Papouasie la surprend. Elle est devenue Haïtienne en Haïti, elle deviendra Papoue chez les Papous. Après une courte préparation, elle part pour la Papouasie en 1960 avec deux compagnes. Devant un besoin, Imelda se décide promptement, ne se laisse décourager par aucun obstacle, est indépendante et persévérante. Entreprenante, elle sait regarder les situations, juger, planifier et gérer, engageant son entourage en coresponsabilité. Et en Papouasie c’est un saut dans le vide, la brousse et un travail de défricheuse…dispensaire, ouverture d’école, avec élèves âgés de 7 à 20 ans. Après un tri, elle reçoit les 6 à 8 ans, le tout sous une toiture de tôle. Les postes se succèdent pour Imelda :  Kiunga, Daru, Kungim, Bolivip. Des classes jusqu’en 1975, année où les Sœurs quittent l’enseignement pour laisser place aux Papous. Sr Imelda entreprend alors de s’occuper des femmes à Kiunga.

Le Seigneur fait justice, Il fait droit à tous les opprimés.

Des femmes en jupes de paille arrivent, et avec l’aide d’interprètes, Sr Imelda se met doucement à l’œuvre. Le nombre augmente, les dialectes se multiplient, les enfants pullulent. Comment faire? Une organisation s’impose. Sr Imelda, prête à l’action et pleine d’idées, forme des groupes par langues avec des dames-interprètes en charge. Une première ébauche de formation émerge : coupe, couture, cuisine…etc. Après 2 ans, enfin, elle réussit à voir quelques résultats. Imelda y reçoit le nom de « Maman Donut » pour un succès culinaire bien partagé. De plus, elle veut s’occuper des enfants de ces femmes, les 4 à 6 ans : un bâtiment, du matériel, des mamans bénévoles et même une télé ! La joie est complète. Le « pre-school » comprend 140 petits. En 1994, après 58 ans à l’extérieur de son pays, 25 en Haïti et 33 ans en Papouasie, c’est une missionnaire chevronnée qui revient définitivement au Canada. Pour lui dire adieu, une grande fête s’organise. C’est « Imelda’s Day » à Kiunga !

Et n’oublie aucun de ses bienfaits. 

De retour au pays, la mission continue avec le centre Marie-Louise au Centre Brébeuf à Sturgeon Falls où elle réside. Sr Imelda manie toujours l’art d’impliquer les autres : Sœurs, bénévoles, Filles d’Isabelle, etc. Elle se réjouit car « Sœurs et laïcs ne font qu’une âme. »  Les bénéfices vont aux missions. Dès son enfance, la vie spirituelle de notre Sœur est simple. Dans la vie de Montfort et Marie-Louise, elle puise l’amour des pauvres et n’a qu’un désir : donner sa vie généreusement pour rendre les autres heureux. Comme elle dit, « de beaux souvenirs m’habitent et m’habiteront pour le reste de mes jours. Comme le Seigneur est bon ! J’étais heureuse de partager mes talents et mon entrain… »

En 2005, elle intègre le pavillon Accueil à Ottawa, puis le pavillon Notre-Dame en 2009. La veille de sa mort, employées et Sœurs se tordent de rire sous son animation. Le lendemain, quelle n’est pas leur surprise de constater que le Bien-aimé a passé prendre Imelda pour le Royaume de la joie sans limite. Elle a cessé de travailler car le Seigneur lui a fait signe pour lui dire : « Viens, ma vieille, c’est aujourd’hui Imelda’s Day. »

Lise LeRiche, fdls