« Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leurs forces; il leur vient des ailes comme aux aigles, ils courent sans lassitude et marchent sans fatigue. » (Is 40, 31)
« Candide », nom prophétique pour une petite fille? Nom qui sous-entend pureté d’âme, confiance, ingénuité et amabilité, attributs propres à Sr Candide. De nationalité américaine, elle est née à Fort Kent, Maine, É-U, de parents américains, son père, Alfred et sa mère Albina Lagacé. Elle était 7e d’une famille de 12, bien répartie entre garçons et filles, dont des jumelles qui la précédaient de deux ans. Sa vie coulait doucement sans incident jusqu’à l’âge de trois ans, alors que sa famille quitte les États-Unis pour la belle péninsule gaspésienne à « Grande Rivière ».
Le père de Candide devait surveiller une seigneurie, prospère en produits forestiers, sillonnée de deux rivières remplies de saumons qu’il expédiait aux États-Unis. Voisins et amis étaient surtout des pêcheurs saisonniers qui allaient à la mer en été et travaillaient pour M. Morin en hiver. Candide et les enfants avaient beaucoup d’agrément et profitaient pleinement de l’air salin, du climat de liberté dans la nature. Comme il faisait bon y vivre! Plus tard, grâce à sa marraine, elle va terminer ses études comme pensionnaire au couvent des Filles de la Sagesse à Sainte-Agathe (St. Agatha, Maine). « La Sagesse nous précède en nous-même », dit-elle plus tard. Au couvent « j’ai découvert bienveillance, compréhension, simplicité et dévotion mariale ».
« Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leurs forces… (Isaïe 40,31)
Le cœur de Candide s’ouvrait à un grand idéal, “Je désirais”, dit-elle “faire mon cours d’infirmière pour prendre soin de mes frères soldats et voilà qu’une autre armée m’attendait pour aller plus loin, plus haut”. Elle est donc entrée au postulat à Ottawa en août 1944, fit profession en 1946 et aussitôt commence ses études en sciences infirmières à l’hôpital Sainte-Justine de Montréal. Elle y travaille comme infirmière jusqu’en 1950, et ensuite, c’est à l’hôpital Saint-Sauveur de Val-d’Or qu’elle continue de soigner avec sa légendaire amabilité en tout. Elle n’est jamais prise au dépourvu devant une situation inattendue. Ses qualités d’âme et de cœur abondent et en font une compagne agréable qui fait advenir la paix : des paroles réconfortantes aux malades, pacifiques aux angoissés, revigorantes aux désemparés, et surtout vivantes de joie et de taquineries.
… Il leur vient des ailes comme aux aigles…
Sr Candide partageait généreusement ses multiples dons avec toute personne sur sa route. La vie pour elle coulait ainsi entre ces deux hôpitaux jusqu’en 1969. Elle termine Supérieure de la Communauté de Sainte-Justine lors de sa fermeture en 1966, et poursuit son service à l’Hôpital Saint-Joseph, et au Foyer de Dorval jusqu’en 1970. Dès lors, comme elle dit elle-même, “Je deviens polyvalente et vais où la Sagesse m’appelle.” À partir des communautés de Dorval, de Wilderton et Stirling, elle ouvre son cœur au service d’un autre type de démunis, aux centres de jour pour délinquants, vieillards… etc. “C’est une école de Vie qui n’est jamais terminée!” Quel puits de patience et d’écoute avait-elle dans son for intérieur!
… ils courent sans lassitude…
Une série d’épisodes de changement de communauté suivra, où son service infirmier passe des hôpitaux à des centres de jour ou foyers, de Dorval à Amos. Puis s’ajoute divers services, de chauffeur à Montréal, au Centre jeunesse à Sept-Îles, de Supérieure de plusieurs communautés. Lui advient, par ricochet, de s’occuper de plusieurs fermetures de maisons. À Relais Sagesse, elle devient la femme à tout faire qui, sans bruit, rend joyeusement mille et un services. Son cœur reste tout naturellement à l’écoute des personnes qui ont besoin d’une oreille attentive. Dans sa réflexion de vie, elle note, “La Sagesse trace un chemin par les eaux profondes, et, un jour, j’en connaîtrai Son Secret!”
… et marchent sans fatigue…
Arrivée à la Maison Accueil Sagesse à Ottawa en 2014, en semi-repos, elle se dévoue en services divers jusqu’en 2020 où elle intègre le Pavillon Notre-Dame. Même là, les taquineries surgissent à l’improviste et sa bonne humeur l’habite. La maladie l’atteint, avec un AVC, et petit à petit son état s’aggrave. Ses 10 derniers jours sont mystérieux, dans l’abandon. Un temps pour toutes de lui confier nos commissions pour le ciel. Ainsi, réalise-t-elle sa mission, désirer et aimer la Sagesse. Le Seigneur vient doucement la cueillir sur les ailes d’un aigle pour la conduire jusqu’à Lui au paradis.
Sr Lise LeRiche, fdls